| Le 27 mai 2013
Pour cette fois, j'ai choisi d'aborder un sujet technique, peut-être un peu pointu pour certains,
qui touche aux danses à deux. J'ai fait l'expérience de me livrer à une petite
analyse comparative des impressions que l'on ressent lorsque l'on
danse en me focalisant sur les élévations et les "descentes" (je
n'ai pas trouvé de terme plus approprié) associées à un pas de
base. C'est difficile à résumer, aussi entrons directement dans
le vif du sujet.
Nous le savons bien, chaque danse, associée à un certain type
de musique, nous donne une impression spécifique. Selon que l'on
danse un tango, un rock ou une samba en couple, on se met naturellement
dans une gestuelle spécifique et un mode de déplacement adéquat.
Imaginez un tango argentin où les danseurs sautillent à chaque pas
et vous n'avez plus l'impression de voir un tango argentin.
L'idée m'est donc venue de regrouper sur un même graphique les
différentes courbes qui pourraient symboliser l'aspect vertical
de quelques danses, ce qui correspond à une partie de leurs signatures
respectives.
J'ai donc pris un axe des temps où sont représentés
huit temps musicaux et un axe pour la hauteur d'élévation (ou de descente)
en exagérant suffisamment pour que les choses soient bien visibles.
La position de base (position zéro) et une position debout, le dos et les jambes droites,
les pieds à plat sur le sol ou, pour les danseuses en talons, le talon et la plante en contact
avec le sol. Lorsqu'on fait une élévation, on monte sur les demi-pointes
en utilisant les articulations du pied et les chevilles. Lorsqu'on descend vers le sol,
on fléchit les genoux, les chevilles et éventuellement même on se plie au niveau du bassin.
Voilà pour le contexte.
Quant au schéma, le voici, avec une couleur par ligne :

La ligne la plus facile à repérer est la ligne noire du milieu
(en pointillés). C'est une ligne qui correspond au fait que les
danseurs conservent une hauteur constante durant tout le pas de base.
J'y ai associé des danses comme le tango, la salsa et le west coast swing
et j'aurais pu y ajouter le paso doble, la rumba et bien d'autres danses.
Cela montre bien que cet aspect ne constitue qu'une partie de la signature
de chaque danse. Par souci de simplification, je n'ai pas essayé de dissocier
les subtilités de chacune de ces danses au niveau rythmique. Ce qui m'intéresse ici,
c'est l'élévation ou l'abaissement
du corps sur un pas de base (et non sur une figure en particulier).
Prenons ensuite les courbes de haut en bas. La première est celle
de la valse (valse lente ou anglaise uniquement).
C'est la seule danse se pratiquant sur de la musique en 3/4
dans ce graphique et l'allure de la courbe se différencie donc bien des autres.
Sur le temps 1, on glisse sur le sol après avoir fait une légère flexion des genoux (c'est pour cela qu'on descend brièvement en dessous de la ligne du zéro) et une remise à plat des
pieds qui étaient en élévation. Ensuite, sur le second temps, on se lance
vers le haut puisque c'est le moment où l'on pivote sur les demi-pointes.
Enfin, on maintient l'élévation sur le temps 3 avant de redescendre et de
recommencer le second demi-pas de base. L'amplitude de la courbe étant
importante et l'élévation durant 2 temps donne une sensation de grosses vagues déferlant sur le rivage
ou encore de montagnes russes
où la pente descendante est plus raide que la pente montante.
La courbe suivante représente la samba. On voit que l'on est à plat
sur le temps et que l'on est en élévation sur le demi-temps. Cela donnt
un peu une image de kangourou qui sautille. Cette courbe correspond à
ce que font les personnes débutant leur apprentissage de la samba.
Bien sûr, l'ajout de la rétroversion du bassin que l'on acquiert par la suite
atténue, voire annule, ces sautillements,
mais ce que je veux montrer ici est l'impression
que le danseur peut avoir. Cette impression est donc orientée en permanence
vers le haut, comme si l'on rebondissait sans cesse. Les rebonds sont
alors réguliers, malgré une rythmique de pas qui dure successivement
3/4 de temps, 1/4 de temps, puis 1 temps et qui, donc, ne se constate
pas dans la rythmique des élévations. C'est une partie de la difficulté
de la samba.
La courbe suivante montre le pas de base du rock à 6 temps.
J'ai ajouté la mention "rapide", car cet effet est plus visible
(et davantage ressenti) sur les tempos les plus rapides. On reconnaît
la rythmique lent, lent, vite, vite, lent, vite, vite, lent (1, 2, 3 et 4, 5 et 6)
du rock à 6 temps. Sur chaque pas, le danseur revient à plat (ou presque), mais comme
il doit repartir très vite, il ne pose quasiment jamais le talon au sol,
il reste donc en légère suspension sur les demi-pointes. C'est la raison pour
laquelle la courbe bleue ne revient jamais au point zéro. Ce n'est pas
pour autant que le mouvement monte aussi haut que la samba ou la valse (là on est au maximum),
car on ne recherche qu'un effet ressort qui permet de se déplacer rapidement
et de pivoter aisément sur l'avant du pied.
La dernière courbe est celle du lindy hop. C'est la seule courbe qui
se trouve sous le niveau zéro (jambes droites et pieds à plat) puisque
le style le plus souvent rencontré impose une légère flexion des genoux
et un amortissement des pas effectués sur chaque temps. On voit une
courbe régulière, comme pour la samba, où chaque temps est marqué.
Mais, contrairement à cette dernière, le mouvement est orienté vers
le sol. Il s'agit des "bounces", des amortis de pas qui sont effectués à
chaque temps, même lorsqu'il y a un pas triple syncopé (pas chassé,
par exemple, soit 3 pas sur 2 temps). Cela permet donc de mettre
le doigt sur l'une des difficultés de lindy hop au niveau du style.
Ainsi, le danseur peut-il avoir l'impression de s'enfoncer dans le sol à chaque pas,
sans jamais décoller. C'est donc exactement l'opposé de la samba.
Encore un mot à propos des musiques. Chaque style de danse est généralement
associé à un ensemble de styles musicaux qui vont bien avec. Pour être compatible
avec une danse (samba, valse, etc.), l'orchestration des musiques en question doit
donc permettre de calquer les courbes que j'ai décrites ci-avant. Si l'on veut
danser une valse lente, il faut (outre l'écriture en 3/4) que la musique propose
un temps fort (la courbe descend), suivi de deux temps faibles (la courbe remonte et
reste un peu en haut). Même chose pour le lindy hop pour lequel la musique swing idéale
comporte des bounces (terme aussi utilisé par les musiciens) réguliers qui donnent
la pulsation vers le bas à la danse. Le petit bémol concerne le rock, pour lequel un rythme
binaire alternant temps fort et temps faible (malgré tout bien marqué) fait l'affaire.
Je viens de regarder la saison 16 de "Dancing with the stars", la version américaine
de "Danse avec les stars", et je dois avouer que sur ce point les Américains s'en
sortent mieux que les Français, malgré quelques exceptions à noter. Malheureusement,
chaque saison de la version française ne déroge pas à la règle qui propose trop de
morceaux de musique ne correspondant pas à la danse qui est pratiquée dessus...
Voir mon article sur le sujet, il y a plusieurs mois dans ce blog.
Voici donc qui conclut ce petit essai que l'on pourrait sûrement compléter
de bien d'autres pistes de réflexion, n'hésitez pas à me faire parvenir vos
idées ou commentaires en fin d'article, par le formulaire de contact du site ou sur Facebook.
Pour finir à propos de graphiques sur la danse, je vous conseille de lire un
article intéressant mettant sous la forme de courbes la progression des
personnes apprenant à danser en couple, filles et garçons. Il s'agit
d'un article écrit par une amie au pseudo Internet de Sundrine Nereide
auquel vous pourrez accéder en cliquant sur la présente phrase.
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